06.02.2004
Ouest USA - Sept. 2002
Parcs et Attractions,
Remarques et Considérations.
( album photo complet sur le site de Jean-Marie – accès direct : http://fleglas.free.fr/galeries/Ouest-Americain/2002 09/index.htm)
Yoquésébo !
J’ai bien fait de venir.
C’est le premier choc, et de taille ! colossal…minéral, végétal et animal.
Des montagnes qui font des paysages
grandioses dans des tons gris argentés et ces arbres, immenses, cèdres, pins,
séquoias et autres coniferus gigantum….. sans ampleur, ça alors c’est curieux,
des géants maigres ! ou parfumés (parfum des lauriers, inhabituel pour
nous, tout à fait saisissant )
Et cette impression de commencement du monde, donnée par la végétation hors norme qui vit et meurt (et ça on ne s’y attend pas….on croit à la pérennité des arbres millénaires…comme c’est écrit partout ) et reste sur place, couchée, ruinée, comme le hasard l’a voulu, sans intervention humaine pour faire propre, alors les troncs se déliquescent là sous nos yeux, décorés de mousses et de lichens inconnus, d’un jaune fluo inquiétant.
Et comme en plus les visiteurs doivent rester sur les « trails », on voit cette nature luxuriante et chaotique …de loin… cela accentue l’impression d’être spectateurs privilégiés …( on a payé pour entrer dans le parc national. ) Et comme la présence de résineux limite la présence des plantes de sous-bois, le film c’est : Bizarroïde au commencement du monde… limite malaise….. et magnifique.
Tout cela parce que le traitement des forêts, à l’américaine, est à l’opposé du nôtre. Pour eux c’est non-intervention et contemplation, pour nous, c’est rapport et plaisir…
Pour la faune, même combat pour la vie et c’est très riche, on est constamment émerveillé de voir des animaux si tranquilles ( encore un écureuil ! ) et de si près, la première rencontre avec un cerf mulet ou mule deer est palpitante, c’est magnifique de beauté. Les américains aussi palpitent…dans la contemplation quasi-religieuse de ces animaux émouvants qui peuplent les paysages sublimes que Dieu leur a donnés et il n’est pas rare de les voir s’enivrer du spectacle sublime, pieds nus, sur les chemins.
Ou bien, plus difficile, en ascension radicale, sur une paroi lisse et verticale de 900 m, avec tout le grand nécessaire à bivouac pour : « hanging in the dark on the granite wall ! » Et en plus, c’est qu’ils le font (1).
Quand
on est européen, on n’est pas d’accord sur tout, dans les parcs nationaux :
Les environnementalistes américains restaurent l’environnement d’une façon radicale aussi, exemple, dans un espace délimité, sur lequel va porter tous leurs efforts physiques et financiers, il vont arracher une à une les plantes qui ne sont pas « d’époque » et y replanter des plantes natives. C’est ce qui fait hurler les environnementalistes français comme Gilles Clément qui se demande : « Quelle époque prendre en référence pour déduire les plantes natives ? Pourquoi refuser l’évolution ? »
Pour lui, il s’agit de fou-furieux intégristes.
Ce qui est bon pour les plantes est bon pour les insectes, à MAUI (Hawaii), Haleakala National Park, les visiteurs dans certaines zones sont priés de prendre certaines précautions pour éviter la venue de fourmis d’une certaine espèce qui justement sont exogènes dans la zone…
Au secours un américain blanc, protestant, exogène !
Ce qui est bon pour les plantes et les bestioles est bon pour les paysages…
Et justement aussi au Yosemite, la Pristine Valley est submergée depuis le début du siècle, c’est le réservoir Hetch Hetchy qui alimente en eau potable toute la région de San Francisco, et bien voilà un projet de restauration de paysage, mais si, c’est vrai, pour assécher l’endroit et le rendre tel qu’il était en y replantant les mêmes espèces de fleurs charmantes qui dansaient dans l’herbe en 1908.
(1) cf. http://members.aol.com/_ht_a/debengston/elcap.htm
La
vallée de la mort :
Minéral essentiel, jusqu’à la quintessence…le sel de la terre… au point le plus bas des USA …matérialisé par une flaque d’eau salée dans laquelle cristallise le sel le plus bas des Etats Unis…et devant laquelle ceux qui sont arrivés si bas se font prendre en photo…
Et même si le minéral en voit de toutes les couleurs, c’est une immensité intensément grise et monotone…vue de la voiture climatisée…
Pour la végétation… c’est
surprenant, en touffe sèche ou argentée et dispersée, sauf au bord de la route,
des deux côtés, les touffes sont plus serrées et vertes, vertes, surprise !,
faut-il en déduire que la combustion de l’essence dégageant du CO2…ou alors,
que la petite vapeur d’eau des climatisations…mais c’est visible H2O pas perdu
pour tout le monde…D’ailleurs les oiseaux ne font pas le fin bec… dès qu’une
voiture s’arrête, ils se précipitent sous le châssis pour récupérer les gouttes
précieuses…ils ont appris.
Dans cet univers minéral, oiseaux, beaucoup ! Et on les voit d’autant mieux que ce sont des oiseaux de sol ( facile, pas d’arbre..) toujours dans une attitude plumes ébouriffées, ailes écartées et bec ouvert : ils ont l’air un peu inquiétants…
Mammifère aussi, petits : lapins, coyotes…
Mais le plan est, minéral…et solaire !
L’obligé, c’est : coucher de soleil à ZABRISKIE POINT
Sapristi !
Sacristie point !
C’est toujours surprenant de voir tant de gens si recueillis, cherchant au prix d’efforts difficiles dans la chaleur de l’enfer, sous un soleil de feu, dans un air brûlant ( 14 09 02 : 45°C…) l’osmose avec la nature, et encore pieds nus sur les pierres ardentes …Alors moi je dis : « pour trouver l’harmonie de cette façon, il faut avoir fait une très grosse bêtise ! »
Autre moment privilégié, c’est lever de soleil dans l’enfer de DANTE !
Résultat, il fait froid ! 7°C avec du vent, mais quel spectacle, quel terrain de jeu pour la lumière après cette montée dans la solitude d’un univers de pierre grisâtre où les touffes végétales argentées….Et enfer de Dante ! mais paradis des lapins (vu 3, tué 1, reste 2, pour le futur…comme disent toujours les américains).
Pendant la journée ? c’est du sable et des dunes et du sable et des dunes et du sable et des dunes….
LAS VEGAS :
Une immense scène brûlante, où sont en place les décors rutilants d’un opéra nommé DOLLAR, les metteurs en scène qui ont travaillé chacun de leur côté avaient beaucoup, beaucoup d’argent, des décorateurs sans inhibitions aucunes….Et une certaine culture.
VARIATION SUR LE THEME CASINO :
Et là ils sont très forts. Ils ont piqué le concept en Europe, tel qu’il était en 1820 dans les villes d’eau : un hôtel où les hôtes sont logés, nourris, amusés de toutes les manières possibles pour qu’ils passent du bon temps en dépensant beaucoup d’argent sans même s’en apercevoir et en tenant leur rang.
Et ils ont gardé le produit tel quel.
Nous, bêtement nous avons fait évoluer le produit en supprimant toutes les sources de revenu sauf LE JEU.
On apprécie EXCALIBUR :
Non pas parce que c’est l’épée du roi Arthur, ni à cause des chevaliers de la table ronde,
Tout simplement à cause de LA TABLE RONDE, c’est le nom d’un restaurant, c’est le must, cité dans tous les guides, c’est un buffet très renommé ( le voilà le Graal ?…), on y remplit son assiette autant de fois que les possibilités personnelles le permettent, un panorama de toutes les cuisines du monde et c’est bon.
Même punition pour les desserts qui sont seulement américains…d’où ma critique.
Pour
les boissons, si on ne veut pas boire le soda à disposition, on peut prévoir et
venir avec sa bouteille de vin …pas de soucis, de toute façon on l’achète dans
la boutique d’à côté qui dépend du casino…
On apprécie BELLAGIO :
La chambre à 470$ vendredi samedi, ou 308$ les autres
jours…
Que d’eau ! que d’eau… !
Et là le décorateur évoque cette petite ville du nord le l’Italie, au bord du lac de Côme alors quasiment il crée le lac de Côme (en plein désert…) ça ne se voit pas assez ? il invente des jeux d’eau fantastiques, sur des musiques qui ne sont pas qu’italiennes …mais enfin il y a du Sinatra et en cherchant bien…les mauvaises langues dont je ne suis pas disent que Sinatra avait à voir avec la mafia…mafia… ? c’est italien çà… Qu’importe et les jets d’eau tournoient en mesure sur cette musique endiablée…
On reconnaît la Villa Carlotta malgré les déformations architecturales mégalo-maniaques lasvégassiennes: marbres polychromes sur des hectares, mosaïques rares sur les autres hectares histoire d’éviter la monotonie, les plafonds sont tartinés en verre de Murano, les murs ruissellent de velours de Gênes, et cerise sur le gâteau, un hall immense qui ne sert à rien sinon à être vu, c’est : tableau in vivo… il interprète matériellement l’esprit de la peinture de ARCIMBOLDO, résultat des compositions florales ou fruitières de première fraîcheur, sur des dimensions extravagantes…ça laisse pantois.
Normal d’avoir choisi ARCHI-BOL D’EAU… comme « tableau in vive eau » dans un casineau dirait un féru de LACAN.
Une question :
Comment
se fait-il que des gens si férus de jet d’eau…installent ailleurs, dans les
salles de bain des douches aussi nulles ?
Bac à douche ou baignoire même handicap, la pomme de douche est TOUJOURS solidaire du mur…dans le meilleur des cas elle est orientable ce qui facilite vaguement le rinçage de la baignoire mais en aucun cas elle n’ est « téléphone ».
Et c’est comme ça, c’est partout comme ça, c’est la caractéristique de la douche américaine.
Je ne suis pas la seule à le remarquer, des sociologues européens ont analysé la philosophie américaine de la propreté : on lave tout ce que Dieu a fait à son image, on purifie tout, on ne parcellise pas, car il se pourrait que l’on tombe alors dans des excès contraires à l’honnêteté, pas la peine que j’insiste, on ne trouve jamais, jamais de bidet dans la salle de bain mais par contre le siège des WC oui toujours.
Comme en plus ils ont la manie de faire coucher dans la même chambre facilement 4 personnes eh bien c’est pas vraiment pratique, pour le brushing…
Une petite évolution s’amorce peut-être, dans les hôtels très récents, on dissocie, baignoire + WC et lavabo. On met le lavabo dans la chambre à côté de la cafetière …
Ou pire, dans certains États – Hawaii est dans ce cas - , dans les terrains de camping, la douche est là sur l’herbe, réduite à sa pomme de douche solidement fixée à un piquet … au vu et au su…Alors on se douche en vêtement ample à sa convenance comme il est dit pour les jeunes filles du XIX …( siècle…) dans l’art de vivre de Madame de Sainte Nitouche.
Eh bien voilà, c’est pas pratique pour le savon.
En enfer si je mens, Dieu tranchera !
Dans les lieux publics, les WC c’est pas mieux!….Histoire d’éviter les dérives toujours, on pénètre dans un lieu où sont alignées une dizaine de cellules dont les cloisons très légères commencent à 33 cm du sol et finissent à 165 et comme les portes ont des charnières spéciales qui laissent un jour entre la porte et le chambranle, en plus de voir la position des pieds de sa voisine…quand on est dedans, on peut voir la couleur de sa culotte quand on est dehors…
Au demeurant, toujours impeccables les toilettes, c’est très agréable.
Pas de graffitis non plus, on comprend pourquoi. Et généralement de couleur blanche, pureté !
Et si on croit que j’en rajoute, repassez le film « WITNESS » où la configuration des WC tels que je les décrits a une importance essentielle dans le déroulement de l’enquête de Harisson Ford…
Donc je n’en rajoute pas, mais je ne suis pas fière pour ça, car je sais que nous français sommes la risée du reste du monde à cause de nos sièges que nous appelons à la turque et de nos pissotières.( ces deux particularités ayant également tendance à disparaître.)
Dieu merci !
.Ha les puri-grand teint.
AU CASINO DE PARIS, les petites femmes dansent avec un soutien- gorge au show de 7h PM et au show de 10h PM hop là boum, topless ! le soutien-gorge par dessus les moulins….rouges ?
En même temps super ! à n’importe quelle heure, au RIVIERA, on peut toucher les fesses des garçons…superbes et très appréciées vu la brillance du bronze à cet endroit… …il s’agit d’un bas relief en ronde bosse… si on peut dire ça comme ça, de chippendales, nus, de dos, grandeur nature et à portée de mains.
Adieu, fesses des garçons et terre inhospitalière désertique et brûlante, on taille l’autoroute vers l’UTAH.
Drôle de campagne, on est vite frappé par l’uniformité des paysages et des types d’habitat. On y voit des maisons éparses, il s’agit de maison-unité, très légères, transportables, à toiture à un pan, si on est plus riche, on accole deux unités et cela fait une maison à toit pointu presque une vraie maison…avec ce système de légo ils arrivent à avoir des maisons très compliquées personnalisées en quelque sorte et pourtant l’œil du voyageur se lasse très vite de ces mobil-homes en « plastique ».
Pas de potager en back-yard, pas de poules, pas de culture à proximité…Drôle de campagne !
Au secours les mormons !
Nul n’est sensé ignorer la loi.
L’UTAH est un état de prohibition.
La vente de boissons alcoolisées (au-dessus de 3°2) ne se pratique que dans les magasins d’état (c’est comme qui dirait la régie des tabacs chez nous) et dans ces magasins qui n’existent que dans les villes importantes il y a tous les alcools du monde.) Et à condition d’avoir les dollars et 21ans on achète la boutique entre 11h et 18h.
Les boissons alcoolisées jusqu’à 3°2, se vendent dans certains super-marchés agréés, mais sont rassemblées dans un endroit clos et totalement transparent, un aquarium sans eau somme toute…
Et il faut toujours avoir 21ans pour s’acheter sa petite bière à 3°2. Et quelquefois il faut le prouver…
Et on ne se plaint pas, pour les mormons, c’est pire, en plus, interdiction de fumer, interdiction de boire du thé ou du café ( pour le café tout le monde est d’accord, c’est pas une punition.) alors ils baisent, il y en a même des médisants qui disent : polygamie pas morte…
Au restaurant dans l’Utah, méfiance, si on veut boire du vin, tous n’ont pas la licence ….
UTAH. Prolégomènes effectués, merveilles concentrées…
Zion, Bryce Canyon, Capitol Reef…
Le
paradis des géologues…longue vie aux minéralogistes !
Les parcs sont splendidement mis à la portée du touriste moyen pour sa délectation totale .
Nous sommes dirigés par les itinéraires choisis, au meilleur du spot, au moindre effort pour le meilleur coup d’œil. Stratégie émotionnelle remarquable, ça c’est pour les autres, pour les américains on perçoit autre chose : une extase au-delà de la contemplation du point de vue proprement dit : l’américain vient admirer les bornes imposées par Dieu à la puissance de la terre américaine, toujours cette religiosité qui entraîne un amour des paysages et des points de vue, paroxystique. La preuve par la recherche perpétuelle de la délectation minutieuse du détail, c’est la quête de la lumière de lever du jour en permanence avec un, deux, trois, voir quatre appareils photo par personne… et quand on n’arrive pas « en avance »…plus de place pour le photographe de lever du jour, tellement il y en a !
Et en plus c’est vrai…et ils ont raison, dans les paysages de pierres diversement travaillées par le vent, l’eau et le temps il ne faut pas rater les premières lumières du jour, ça, c’est trop beau…de là à être en communion intime avec l’œuvre de Dieu donnée en cadeau aux américains car ils le valent bien…et...pieds nus…non !
Dans ces parcs on rencontre de moins en moins d’européens, au fur et à mesure de la progression et de plus en plus d’américains en motor-home ou RV (Recreational Vehicule), c’est géant, long comme un autobus (quelquefois avec mezzanine), avec voiture 4x4 accrochée derrière le RV et selon, bateau sur le toit de la voiture, ou vélo accroché derrière la voiture, tout cet attirail vu de notre TOYOTA Corolla, ça surprend.
Les premiers convois, (les américains adorent être plusieurs dans la party) on se dit : « ceux-là ne partent pas sans biscuits ! »
Et puis il faut prendre conscience des choses, c’est comme ça qu’il faut faire :
- comme ça on ne défait pas sa valise tous les soirs…
-
comme ça avec le 4x4 on n’est pas pénalisé pour les
petites promenades (de nombreuses routes sont interdites aux RV)…
- comme ça on peut faire du vélo (très peu de routes sont réservées aux vélos...)
- pour le canoë, pas de souci…un filet d’eau glacé et c’est parti, quand c’est permis...
Et pour le reste c’est pas de la frime, ils adorent les exercices difficiles (escalades), les activités saines (longues marches, pratique du vélo en montagne), ils adorent pagayer dans le courant violent, se tremper à mi-cuisse dans l’eau froide pour la pêche à la mouche …et les chanceux remettent la truite à l’eau ( c’est la loi ), ce qui est aussi une épreuve morale…
Et puis c’est un retour aux racines, le terrain de camping : vive les pionniers ! des soirées feux de camp sont organisées et à chaque emplacement, contingenté, réservé des mois à l’avance, il y a tout le nécessaire au bonheur de la vie en plein air : table et bancs, foyer barbecue, et hooks up c’est à dire tous les branchements indispensables à la vie près de la nature en motor-home…
La présence humaine favorise la venue des animaux à cause de la nourriture espérée. Bien qu’il soit complètement interdit de les nourrir (les dénonciations sont encouragées…) les animaux ont tout à gagner à fréquenter les endroits où il y a du genre humain, parking, aire de pique-nique.
Ma remarque au sujet de la végétation plus verte, plus dense sur les bas-côtés des routes, (il y a corrélation entre l’activité humaine à moteur et la pousse des plantes, ma parole….) est valable partout, ces plantes appétissantes ne laissent pas indifférents les herbivores… Donc le bord des routes est aussi un bon spot d’observation aux heures de pâture, aube blafarde, et dernières lueurs du crépuscule.
SALT LAKE CITY:
Le royaume de JESUS et de l’artifice.
Bienvenue
dans un monde aseptisé, net, géométrique, aéré et rechampi de frais (pour les
JO 2002) dans des couleurs de moraliste : gris ardoise, marron chic, rouge
très éteint, un peu vert et beige, beige, beige et blanc.
C’est démodé comme architecture et imposant et lourdingue, des gros volumes sans fioriture sur lesquels des anges brillants d’or nous invitent sur la voie sacrée…, et c’est tellement propre, les trottoirs quasiment on s’essuie les pieds avant de marcher dessus, c’est l’automne, il n’y a pas une feuille d’arbre par terre, les fleurs des parterre sont plus vraies que vraies, en plastique on dirait…Sont-ils tous phobiques dans cette ville ? Non tous mormons, nous sommes dans la Rome Mormone, LE TABERNACLE, c’est ici. On visite.
Et nous avons là sous les yeux pour notre édification, des tableaux « vivants » :
- dans des alcôves derrière une vitre épaisse, des personnages de cire grandeur nature, genre musée Grévin pour un parisien, vêtus paysans dignes fin XIXième, figurent différents épisodes de la vie de Jésus et même Jésus est là parmi nous,
- où bien des tableaux de peinture :
ils évoquent notre condition humaine ( nous ne sommes que de passage… et très vieux, ridés, nous mourons en chemise blanche… dans un lit… entourés de nos enfants.. et de nos petits enfants)
Tout très gai…d’une naïveté confondante et plus, c’est pas possible.
Heureusement, nous sommes accueillis par une « hôtesse-sœur » mince, grande, maquillée classe, souriante, mignonne comme tout, tailleur de très bon faiseur, veste ajustée courte, jupe droite longue (longueur bonne-sœur avant Vatican II) mais fendue, ça alors ! et on ne s’en aperçoit pas tout de suite car la fente est dans le dos et haute : creux du genou…pour un habit monacal en lin gris ardoise.
C’est l’uniforme et elles répondent toutes au même canon esthétique…des tops…Jésus nous parle par la bouche des tops, jésus nous aime tous.
Notre vie sur terre est matérielle aussi…courses au K-MART, grande surface ouverte 24h sur 24, 7j sur 7 et justement pendant les heures de petites affluences, on se débrouille tout seul…pas de caissière…à la caisse automatique, on fait lire le code du produit, la caisse affiche le prix, on enfile les dollars dans la fente, la caisse rend la monnaie, on peut partir, voilà l’affaire faite et ce qui nous attend en Europe bientôt.
Grand Teton :
Ne perdons pas le Nord, c’est là où nous allons, ça se sent tout de suite : 1°C le matin.
La route est longue mais ils sont très forts pour faire les routes, d’accord profil rasant, mais d’une rectitude telle qu’on se dit que ce n’est même pas la peine de tenir le volant déjà qu’on a activé depuis longtemps le régulateur de vitesse, qu’il n’y a personne à doubler puisque tout le monde a fait la même chose à cause des contrôles de vitesse qui peuvent même être faits d’avion et que la vitesse maxi ça dépend des états (65 mph en Utah, 55 en Californie,) alors il faut juste savoir où on est…
Arrivée au paradis, le serpent d’abord, un serpent sans sonnette (western territorioal garter snake), la faune d’une richesse inouïe et aussi un grand lac qui apporte la sérénité attendue, des oiseaux exactement comme ils sont dans les livres - j’ai même vu un aigle noir à tête blanche (bald eagle) l’emblème des Etats Unis voler et là déception pour un emblème, il n’a qu’une tête et en plus chauve - des Wapitis (cerf d’Amérique = elk) qui grouillent de partout au soir tombant, des bisons agglomérés qui broutent à la même heure (buffalos disaient les autochtones véritables), des chauves-souris qui au même moment passent et repassent, et en plus on habite dans une cabine en rondins de vrai bois juste là devant l’immensité du lac, la ligne bleue des monts et un glacier à l’horizon, alors je dis, je suis la femme du trappeur et je m’évanouis…
Yellowstone :
-
Mammoth,
Là c’est autre chose, je fais la bergère dans la montagne (1800m), des hardes de wapitis qui rassemblent les femelles et les jeunes autour d’un vieux mâle belliqueux, sont sur les pelouses du village devant la mairie et broutent la bonne herbe tendre et les parterres de fleurs que les habitants n’ont pas eu le temps d’habiller de grillage à poule.
Il paraît que c’est tout le temps la même chose à pareille époque, l’époque du brame et les mâles belliqueux se défient sous nos yeux…c’est un spectacle complètement magique, je m’évanouis.
Et le wapiti c’est pas wapetit, c’est 1,70m au garrot !
Le village est superbe, l’hôtel 1930 a tout son caractère d’époque et ses subtils raffinements, ha ! le parquet d’acajou…Et par la fenêtre de la salle de bains, le spectacle idyllique est sous mes yeux, par la baie de la salle du restaurant aussi, en buvant du vin rouge (on est dans le Wyoming), je suis envoûtée. Nous n’avons pas fini la bouteille, à la fin du repas, la serveuse nous propose le reste de la bouteille à emporter, c’est normal, c’est « le brown bagging »…Nous sommes contents, cette pratique invite à la tempérance .
Et quand ce ne sont pas les wapitis
qui captivent, ce sont les manifestations volcaniques, et là on est servi, à
Mammoth, c’est une infinité de bouches qui vaporisent un spray parfumé au
soufre sur des parois rocheuses, avec cristallisation du soufre qui forme des
terrasses en escalier ou des stalactites qui dégoulinent, c’est blanc on dirait
de la neige, on peut se promener très près puisqu’on évolue sur des passerelles
en caillebotis qui épousent les excrétions.
Ils sont vraiment très forts, pour l’aménagement c’est comme incrusté, de la couleur de l’environnement, ça ne se voit presque pas, et quel confort pour la visite.
- Norris,
C’est brume dans les frimas… et encore plus hallucinant, car les vents sont au milieu de la végétation, ils font crever les arbres atteints …les troncs minéralisés sont blanchis sur une petite hauteur, et sont là, incongrus, des spectres !.
Inoubliable moment lorsque j’ai vu dans ce paysage de fin du monde, un wapiti (catalogué irascible par les rangers) arpenter son territoire d’arbres fantomatiques en bramant dans la brume : mouvement du cou et position de la tête superbe, le cri est un peu décevant car il n’est pas très puissant.
Nous évoluons sur des passerelles toujours. Il y a des geysers mais ils ne sont pas du tout prédictibles.
Personne n’est parfait.
-
Old
Faithful, (2300m)
C’est la grand messe, les offices sont nombreux, l’heure de l’élévation est plus ou moins connue, le rassemblement des fidèles est ordonné sur des bancs disposés en cercle et ils attendent recueillis, l’éruption du geyser au centre du cercle.
Quand c’est fini, pour le « vieux fidèle » alias old faithful, elle dure 4mn, hop, tout le monde se lève et va faire ses affaires. … C’est le plus fréquenté, les hotels, le visitor-center, les general-stores, sont construits à l’entour, alors tout en faisant ses courses … quand c’est l’heure on fait le détour, c’est le super-must, en plus il crache régulièrement et d’une façon prédictible, c’est à dire qu’après chaque éruption et selon ce qu’elle a été, les rangers affichent l’heure de la suivante, sur le spot directement.
Ou alors, tel le chemin de croix, on suit le chemin balisé avec station à chaque étape où il se passera quelque chose dans quelque temps, et c’est vrai qu’il y a de la religiosité dans cette marche et démarche.
Je suis complètement fascinée.
Fascination partagée par les bisons, ils adorent les zones de thermalisme, on les trouve toujours en plein milieu, immobiles, l’œil hagard, électroencéphalogramme plat, shootés au soufre ne sachant quoi faire de leur fourrure brumisée grave, résultat le lendemain matin à l’aube (-8°c) ils sont givrés.
Pour eux tout est permis, ils peuvent marcher où c’est interdit, faire leurs bouses en plein milieu des beautés de la nature, stationner sur les passerelles qui sont construites pour seulement le genre humain, personne ne leur dit rien, tandis que nous, avant d’entrer en vibration avec l’œuvre de Dieu, on doit éteindre nos cigarettes.
Les zones de thermalisme sont non-fumeurs ! (préserver le futur, éviter la pollution, toujours la même chose…)
Yellowstone, c’est l’extase!
Il y a tout, des animaux à gogo et des gros ( l’émotion de voir une ourse et ses oursons dévorer des petites baies…indicible), une nature fascinante et en plus à cette saison d’automne de toutes les couleurs, du jaune d’or inoubliable des trembles jusqu’au rouge profond des chênes, et tous les jeux d’eau chaude… de tous les types, de toutes les variations, de toutes les couleurs, surlignés par une mise en valeur magnifique. Je comprends les américains qui y viennent en pèlerinage tous les ans.
Pour les ours, il y a un problème, ils sont « human-addict » ce qui signifie qu’ils adorent tout ce que nous avons, de la mousse à raser, aux déodorants en passant par la nourriture sous toutes ses formes…Et peut-être que certains savent lire car un paquet de gâteau derrière une vitre de voiture bien fermée à clé est repéré tout de suite, sans arrière pensée, ils plient la portière… Ils sont actifs jour et nuit.
Afin que les campeurs ne soient pas agressés dans les parcs où il y a des ours, des conseils sont donnés pour limiter les incursions, les poubelles sont conçues anti-ours et des placards métalliques à fermeture compliquée sont à la disposition de la communauté, pour mettre à l’abri de ces peluches vivantes tous les objets de civilisation qui les attirent….( dont le dentifrice )
Même en pique-nique lorsque nous brandissons notre sandwich dans les bois, les rangers nous conseillent d’être vigilants.
Très pédagogues aussi, ils nous assènent continuellement 4 chiffres que nous devons absolument retenir : 25 – 100 – 45 – 911.
25 yards c’est la distance minimum à maintenir entre un animal sauvage et nous.
100 yards, la distance qui doit nous séparer d’un ours.
45 mph la vitesse maxi dans le parc.
911 le n° de téléphone d’appel d’urgence.
La preuve que ça marche… !
GREEN
RIVER, FLAMING-GORGE, DINOSAURES NATIONAL MONUMENT :
Après Yellowstone ça manque un peu de relief…d’abord une grande plaine genre toundra de sauge pour la végétation, parsemée de troupeaux d’antilopes, ça anime un peu, car les européens il n’y en a plus du tout et les américains il n’y en a pas beaucoup. On s’ennuie dans les magasins par là, alors les vendeuses qui sont d’une curiosité investigatrice américaine posent les bonnes questions :
- à Green-River, après être tombée à la renverse en apprenant que nous étions de Paris France, elle a voulu savoir :
-
« What
are you doing at Green-River ? »
- à Vernal par contre on a été détecté au premier coup d’œil français…(les rayures Sonia Rykiel…stigmatiseraient-elles.. ?) et alors voilà la question, sans préalable :
- « Que faut-il visiter en 4j à Paris en Mars ? »
Flaming-Gorge qui est pourtant exactement comme son nom l’indique perd beaucoup d’être vu après Yellowstone ou alors il faut rester plus longtemps dans les magasins pour oublier un peu le jaune…
Dinosaures NM :
Alors là, ça commence mal, toute la campagne aux environs est décorée de T-rex, grandeur nature, moulés, en plastique ( le même moule pour tous ) colorés flashy dans la masse, tête à l’expression matoise, et sexe féminin si vous voyez ce que je veux dire…qui racolent pour diverses enseignes.
Et on arrive dans une carrière de dinosaures, des vrais, mais que en os…
ils ont construit adossé au mur qui révèle les ossements une architecture de béton, verre et acier, merveilleuse, toute en transparence et légèreté. C’est de toute beauté.
ARCHES, CANYONLANDS :
Arches, ça troue ! Canyonlands est un paysage de pub qui a beaucoup servi :
pour le parfum de Rambo, pour le tabac de Marlboro, pour le 4x4 de Toto, qu’importe,
« Je
regarde ce que tout le monde regarde mais personne ne voit ce que je
vois. »
Chateaubriand.
…Surtout aux premiers rayons du soleil, et ça laisse une impression terrible, parce que c’est labyrinthique, donc on ne voit jamais personne et on entend des voix…
MONUMENT
VALLEY :
Inclus dans le territoire des Navajos qui ne serait qu’un grand désert de poussière rouge hérissé de mesas sculptées par l’esprit des ancêtres…
Et c’est paysage de film…
Et l’esprit des
ancêtres est pour l’endroit la seule source de richesse.
Concentration de marchandes de grigris à chaque parking.( je pense qu’ils les fabriquent et d’ailleurs ils sont bien plus beaux que ceux fabriqués au Mexique en série et vendus dans les magasins de souvenirs américains.) avec autorisation spéciale des ancêtres car aux USA le commerce privé est illégal dans les endroits publics.
Ils ont un habitat dispersé de mobil-homes ou caravanes avec tout le confort moderne, ils construisent dans les parages, le Hogan, habitat des ancêtres en terre et bois qu’ils font visiter ( sur rendez-vous : représentation à 15h le prix des places peut se discuter..) en évoquant la vie traditionnelle… c’est pathétique non ?
Quand le fier cavalier Navajo qui a
amené sa monture au bord du précipice se fait prendre en photo pour 1$, dans sa
belle chemise en satin pourpre ( made in china) avec quelques plumes en collier
dans l’encolure tandis que sa mère (c’est toujours les vieilles qui sont
habillées et coiffées, tendance. ..squaw ) se fait prendre en photo à la même heure, assise sur un
banc traditionnel en ciment … pour le même prix…c’est pitoyable
non ?
Et ils embauchent tôt en plus.
Les Navajos ont un avenir, ils ont inventé les restaurants : incroyable ! dans des échoppes en contre-plaqué brut, alignées le long de la route qui mène aux monuments il y en a 5 ou 6 qui proposent 2 plats : Chicken navajo et burger mouton navajo…pour une clientèle…assise sur des sièges rescapés d’un désastre devant une table qui n’en a que le nom…une clientèle gourmande d’authenticité qui serait assise…
Je ne sais pas s’ils ont réussi l’éradication totale de l’alcool dans leur communauté, mais pour nous oui, tolérance Zéro, on ne peut même pas introduire sur leur territoire une bouteille à 3°2 pour la boire dans le noir de la chambre d’hôtel, alors un verre de navaj’eau ? dirait l’autre…
Je me fais beaucoup de soucis pour eux , c’est pas la chevauchée fantastique et le vent soulève la poussière.
CANYON
du COLORADO ou GRAND CANYON :
Beau
travail de sape.
Beau travail de shape.
Ils sont de nouveau tous là, toute l’Europe, toute l’Amérique, tant et si bien que, pour qu’il y ait de la place pour tout le monde, il faut que nous soyons à pieds. On va de place en place en navette.
Et pendant que certains piétinent sur les promontoires, les autres les survolent, le jeu c’est de voir Le Colorado et c’est pas facile, l’autre zigzague dans une vallée qu’il n’y a que les géologues qui peuvent l’expliquer…
Mais vu du dessus : colorabo !
Nous avons nos habitudes à la compagnie Papillon et là évolution…
D’ordinaire afin de déterminer notre place dans l’hélicoptère, toutes les personnes dans la partie devaient donner ORALEMENT leur poids véritable à une personne de la compagnie qui était payée pour entendre ça. Aveu jamais facile pour les dames américaines, la preuve, une fois l’une d’elle au prétexte que même son mari l’ignorait, a avoué la chose au préposé dans une autre pièce…Pour ne plus décourager la clientèle, juste devant le comptoir, là où nous devons être pour nous inscrire, ils ont posé un paillasson…on monte sur le paillasson…On est calibré sans avoir à parler…Fallait y penser !
Par contre la musique du vol des papillons pas terrible:
musique planante de flûtes indiennes pendant l’approche, Ainsi Parlait Zarathoustra, à l’aplomb du Colorado, musique symphonique sucrée en decrescendo, pour rentrer.
Outre le Colorado, ce qu’on voit très bien de là-haut c’est que les américains sont très forts, ils ont réussi un travail esthétique stupéfiant, pour une intégration magique, de toutes les architectures et infra-structures, dans le site du Grand Canyon….
Bon voilà, le voyage est fini, il a duré 20 jours, j’ai fait 7800 km et je n’ai pas vu une seule poule !
29
octobre 2002
Françoise Lebraud - Le Glas