d’ordre historico-sociologique , GARNIER, c’est tellement la cathédrale de la société bourgeoise-up fin XIX qu’on ne peut pas voir l’immeuble avec l’œil, seulement du côté de l’ART (« pompiers » les arts d’ailleurs ! )
- On dit : le Palais Garnier…l’Opéra Bastille…la Salle Favart pour l’Opéra Comique… Toute l’idéologie est dans la dénomination !
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Le Palais Garnier donc,
Le perron est déjà très agréable à monter, c’est presque l’opéra, on est au-dessus de la mêlée des voitures, c’est là le lieu de rendez-vous et où en regardant sa montre , on anticipe son bonheur en jetant un coup d’œil sur l’avenue du même nom..
La première entrée.. C’est un lieu public où on est à l’abri des courants d’air et qui permet l’accès à la boutique et aux caisses. (à droite). On peut y venir quand on veut…
La deuxième entrée après regards dans le sac des dames ( vigipirate plan 2 ), poésie en moins, sécurité en plus ?
Présentation du billet et ça y est, le spectacle commence.
C’est le grand escalier, qui ruisselle de lumière, un rêve sculpté dans la richesse des matériaux, des marbres polychromes surtout, avec une rampe en Onyx brillante et colorée comme un sucre d’orge à l’anis, débauches de bronzes et de lumières démultipliées par leurs reflets sur toutes ces surfaces brillantes, et ce ne sont que surfaces brillantes… c’est le grand moment (immortalisé par les photos japonaises), savourer la montée et le dessin des marches qui insidieusement passe du convexe au concave pour accentuer autant que faire se peut, la monumentalité de l’objet…
En haut une galerie fait le tour de la cage de l’escalier parsemée de petits balcons, encore des marbres, des bronzes, des lumières et des mosaïques d’or au plafond, (ça c’est la tendance byzantine de Charles, profusion, profusion pour abolir l’espace dans un décor scintillant …toujours.)
Dos à l’entrée de la salle se diriger en longeant la cage d’escalier vers le GRAND SALON..qui ruisselle lui aussi d’or, de lustres, de girandoles, de cheminées et de peintures ( Garnier avait un copain à la villa Médicis, né à La Roche sur Yon – Vendée – Baudry Paul, peintre de renom qui a beaucoup décoré…tendance pompier.) coup d’œil fenêtres, balcons, Avenue de l’Opéra.
Arpenter ! Le plancher est une merveille.
De part et d’autre du Grand Salon , décalées sur l’intérieur, deux minuscules salons ronds, faits par les compagnons du devoir et décorés par eux des insignes des loges-maçonniques, l’un est dédié à la nuit, l’autre au jour (ils sont très peu fréquentés , très peu connus car pas sur un trajet…et à croquer)
A partir de là se diriger en longeant l’avenue de chez Lancel vers un couloir-promenade qui conduit jusqu’à La Rotonde du Glacier ( c’est maintenant un bar qui vend aussi des glaces…)
C’est aussi un très bel endroit ouvert avant le spectacle…
C’est à moitié difficile de s’orienter car par nécessité « légumière », passages, galeries, foyers, etc sont labyrinthiques, c’est typique de l’époque qui à l’aide d’escaliers et de couloirs réussissait à merveille le compartimentage social (qui est encore efficace aujourd’hui).
Après c’est LA SALLE ce GRAND PUITS ROUGE-GRENAT annelé de balcons dorés…
Et là aussi, premier principe, ne pas mélanger les torchons et les serviettes !
C’est en fait un immense salon contenant un certain nombre de petits salons ( les loges ) autrefois personnelles et fermées à clé ( d’où les ouvreuses = ouvreuses de loge…/ pas de pourboire, c’est un théâtre national et le pourboire est déjà inclus dans la subvention, à travers les impôts…ça suffit comme ça et c’est interdit.)
Dans certaines loges – toutes sont luxueuses – il y a un boudoir en fond avec chaises, table, miroir, sofa, et oui !…
Toutes ont un vestiaire privé pour les manteaux et un miroir (sans rapport avec le sofa .)
On est 6 par loge sur des chaises qu’on oriente à sa guise ( c’est pas pour ça qu’il y a de la place pour les jambes) et sur 3 rangs avec légères marches pour surélever les rangs 2 et 3. Attention à la marche …on est dans une pénombre de bon aloi mais pénombre quand même….
Il est bien évident que le troisième rang de loge n’est pas terrible pour la vue de la scène.
Pour la distribution socio-culturelle des places on disait :
Loges : officiels, notables.
Orchestre : gens riches.
Corbeille ( 1ier balcon) : mondains.
Corbeille ( 2ème balcon ) : bourgeois.
Corbeille ( 3ème balcon ) : artisans, commerçants.
Amphithéâtre : menu peuple, étudiants.
Et il y a un compartimentage effectif avec escaliers et couloirs obligés pour se rendre en haut, là-bas…
maintenant il s’agit d’un compartimentage mou mais pour rencontrer ceux d’en bas, il faut être dégourdi..
Remarque corbeille : jusqu’à la guerre de 14, les dames portaient de volumineux chapeaux qu’elles refusaient d’enlever, donc elles étaient interdites d’orchestre et de parterre ;
les dames ?
- à la corbeille !
- d’où l’expression : « une corbeille de jolies femmes… »
Un LUSTRE pampillant éclaire de mille ampoules …..les….spectateurs !
Il faut qu’il les éclaire, les spectateurs.
Fin XIX, on va à l’opéra, pour être vu et non pour voir !
La preuve ?
Seulement 60% des places
sont avec vue totale de la scène
(c’est ahurissant pour notre mentalité…)
Et pour être vu, il vaut mieux être en pleine
lumière, d’ailleurs le lustre ne s’éteignait pas pendant la représentation, le
spectacle était autant dans la salle-salon que sur la scène.
Le lustre ne s’éteindra pendant la représentation que
vers 1892 environ. Quelle révolution !
Le lustre descend suffisamment pour que les électriciens
et les nettoyeurs puissent intervenir, pas de soucis !
La rénovation de la salle qui a eu lieu il y a 5/6
ans a eu comme effets de remettre en
service l’éclairage « en perles » du plafond, de changer les
velours et les capitonnages, des loges et des chaises et d’installer une
climatisation.
L’effet de la climatisation est surtout sensible à
l’amphithéâtre où la température quelquefois était limite malaise…
Pour voir le Chagall du plafond mieux vaut
monter à l’amphithéâtre.
Monter descendre on ne fait que cela.
Il faut aussi aller au –1.
C’est en bas du Gd Escalier, à G ou à D.
On voit une fontaine quelquefois en eau avec un
bassin où les lumières suivant la spécialité de la maison se reflètent à
l’infini.. Le buste de Garnier, un autre foyer, des banquettes de velours
rouges (ancienne couleur rouge avant rénovation) des glaces et des fantômes….
l’endroit est très peu connu et très peu fréquenté
c’est pourtant là que de nombreux défilés de collections de mode ont lieu, à la
saison.
Fréquenter les toilettes, certains « lieux » sont exquis de
luxe démodé. D’autres sont neufs, il faut bien tomber.
Le public lyrique est légèrement différent du public
ballet.
Le public ballet est plus jeune, plus cool, plus gay.
Pas de robe longue sauf pour les touristes allemandes
qui ont leur tenue noire comme à Bayreuth.
Les américaines sont elles aussi habillées long mais
plus colorées.
Et nous on est comme en sortant du bureau, propre sur
soi et voilà ( Friday look accepté !).
ANECDOTE : L’opéra , les pompiers , pas que dans les Arts pour les pompiers de
l’opéra…et les animaux :
Les petits rats, n’en parlons pas… :
Des souris comme partout…
Faucon crécerelle, un couple niche sur le toit…
Combien de pompiers affectés à l’opéra ? Je ne
sais pas. La salle ouvre une demie heure avant le spectacle, à 19h pour les
spectateurs, et, à 19h05, 3 pompiers et un chef, se disposent à égale distance
les uns des autres, devant la fosse d’orchestre côté salle et assistent à la
descente puis à la montée du rideau de fer anti feu qui doit isoler le plateau,
de la salle, fonctionnement vérifié que font les pompiers, je ne sais pas,
mais,
Sur le toit il y a une dizaine d’années un pompier
avait des ruches…et vendait du miel..
Il n’y en a plus qu’une.
Dans une cuve sous la scène – au cinquième dessous
quand même – un autre pompier pour son plaisir élève des …carpes…
muettes évidemment , le comble de l’horreur pour la
Diva …
Heureusement APOLLON veille sur tout ça, du toit
justement, brandissant sa lyre d’or… ornée…d’un paratonnerre.
ET,
Bonne soirée.
Françoise
Lebraud - Le Glas