La couleur à LA BARBADE 06.02.2004

 

 

 

 

 

 

Elle n’est pas forcément là où on l’attend,

Elle n’est pas ce qu’on croît qu’elle est.

 

Pourtant ça commence bien, en 1966 au moment de l’indépendance et du choix des couleurs emblématiques du drapeau, c’est exactement ça, bravo les vexillologues, 3 couleurs, bleu, jaune, noir.

NOIR : symbole héraldique lié à la couleur des habitants,

JAUNE : symbole de la savane…ou des grandes étendues agricoles…

BLEU…Le message est fort,

 

Bleu, c’est la mer…tous les bleus, somptueux ! Le sable d’une finesse de poudre de riz en a la couleur blanc rosé, l’île est corallienne. Le soleil est…. VERT…!!! La preuve, Le rayon vert, je l’ai vu deux fois.

 

Sans surprise la végétation est  tropicalement verte.

Monotonie du vert-vert des cannes à sucre en monoculture irriguée, comparé au vert-jaune-plutôt-jaune des étendues herbeuses non arrosées parcourues par les éléphants roses…(perdu !… l’île de La Barbade est sillonnée par des singes ! cerocopithecus aethiops  SINGES VERTS africains introduits au début du XVII siècle ! Et heureusement qu’ils ont une queue orange..) 

 

Très peu de couleurs devant les habitations ( à part les habitations), les gens sont assez pauvres et ont d’autres préoccupations que de surveiller la germination  des fleurs dans les jardins d’agrément ou bien alors quand il y a des plantes, ce sont des crotons, EN POT, un de chaque côté de la porte d’entrée, en totale symétrie!

 

 En vert, Il y a sûrement, des cultures potagères en back-yard mais totalement invisibles parce que protégées des « chipeurs »  par  des clôtures en tôle ondulée de + de 2m de hauteur, de  guingois et rouillée la tôle ondulée … (ces tôles sont recyclées des toitures,) couleur tiers-monde alors.

 

La luxuriance, et l’exubérance des fleurs tropicales sont chez les riches et en plus qu’il n’y en a pas beaucoup, ils ont des murs de clôture en maçonnerie, à part le haut des massifs, on ne voit pas grand chose, dommage !

 

Reste l’emprise des complexes  hôteliers… semi-publique ?  Alors là, pelouses bien vertes tondues à ras (héritage anglais oblige) et  bien arrosées (à la satisfaction des grenouilles), les fleurs tropicales  poussent superbement, contrôlées par  une  armée de jardiniers  et  on y voit autre  chose que les sempiternels hibiscus et bougainvilliers. Seulement on n’a rien sans rien, pour en profiter plus d’une demi-heure, genre petite promenade : you are welcome ! il faut payer le prix de la chambre…et  il y a des hôtels où les fleurs sont très, très chères…LE SANDY LANE, c’est le bonheur absolu de l’amateur à 2400$ US la chambre (non, il n’y a pas d’erreur, deux zéros après vingt quatre, et c’est premier prix d’une chambre  vue sur mer) une nuit…

Tout s’achète, même le paradis !

 

La couleur n’étant pas dans les jardins va être sur les maisons. J’ai bien dit SUR : que la maison soit en bois ou en parpaing enduit, le toit sera en tôle ondulée (même chez les riches… il n’y a que le graphisme de l’ondulation qui changera, ondulation «  ronde » pour les pauvres, « carrée » pour les riches… constatation et pas d’explication ,  l’arrondi stigmatiserait-il ? et rond et rond petit patapon surtout… Et la tôle sera peinte d’un ton bien vif,  rouge (d’accord en souvenir des tuiles),  bleue (on voit aussi pourquoi…) vert,  rose,  tout est possible, et la couleur du toit mettra bien en valeur la couleur des murs.

 

Maintenant pour les murs : que les maisons soient en bois ce qu’elles sont de moins en moins à cause du niveau de vie qui augmente  ou en parpaing il faut une couche de peinture ou un enduit.

L’enduit reste d’une tonalité discrète ce qui n’est pas le cas de la peinture, bien orange, bien jaune moutarde, bien bleue turquoise, bien vert pomme et la modénature bien soulignée, ceci sur une courte période car il faut compter sur les effets ravageurs du soleil tropical.

Malgré les rayons solaires, ce qui va être très souvent de couleur turquoise, ce sera la véranda dont disposent toutes les maisons ou presque et elle, toujours repeinte de frais : pourquoi turquoise… Symbole de la richesse?

Idéalement les maisons en bois sont repeintes tous les ans à Noël, mais ça c’est cher, alors à ce moment là presque ils ont assez d’argent pour en construire une en parpaing et autour de celle en bois.

Tous les avantages : une maison neuve, plus grande…sans terrain à acheter, en se procurant les matériaux petit à petit, en faisant le travail quand on est inspiré…sans déménager et à l’achèvement, d’anciens murs extérieurs seront devenus des cloisons…). Il n’y aura que l’escalier à déplacer et à peindre…et pour les armoires c’est OK.

Les maisons sont sans fondations…Planchers surélevés sur parpaings, là aussi que des avantages… Moins chères, moins inondables à la saison des pluies, et plus fraîches grâce au super vide sanitaire…

Peinture des marches d’escalier surtout en rouge fraise écrasée…et sans rampe, les escaliers !

 

En résumé ce qui surprend c’est le choix des teintes…hors palette traditionnelle du bon goût européen, et ceci, quel que soit le milieu socio- culturel de l’habitant.

Dans la maison du Barbadien à un endroit ou à un autre, il y aura toujours une couleur qui tue !….Et c’est joli.

 

Bonjour les habitants des maisons…et là surprise ! C’est l’uniforme.

 

La forme, dérivée des vêtements de l’armée coloniale anglaise, et la couleur unie  inspirée par celle des robes des femmes de pasteurs de la belle époque….?

 

 2 couleurs pour l’uniforme scolaire et en général 1 couleur au travail…(avec hiérarchie dans les couleurs…pastel pour les sans grade, et couleurs déterminées pour chaque type d’activité, les tons s’affirmant avec les responsabilités…très codifiées les couleurs des moralistes !

 

Exemple : dans toute l’île, toutes les femmes de ménage sont habillées d’une blouse ou verte ou rose (en tous points semblables à celles des aides soignantes de l’Assistance Publique…)

Elles seules sont en blouse.

Les autres sont en tailleur.

La chef a un tailleur jaune moutarde, les administratifs sont en vert purée de pois cassé, les réceptionnistes en rouge prune trop mûre ou en bleu pétrole brûlé… ( tailleur toujours, jupe droite au genou et veste cintrée longue qui cache les fesses, manches mi-longues, pour tout le monde, sans col et géométrie de l’encolure au choix).

Les couleurs étant « pasteurisées » et la forme « militarisée » bonjour les cravates, les épaulettes et les barrettes sur les vestes ou sur les chemises, même pour les femmes…et les enfants !

 

Pour les jardiniers, pas de surprise c’est le bleu de travail… bleu foncé le pantalon et clair  la chemisette maintenue dans le pantalon par une ceinture noire (et même le bonnet des jardiniers rastas …bleu ! …Adieu, jaune, vert, rouge, noir….) Comme ils taillent à la machette (7$ US l’outil) ça fait drôle au début, le jardinier en bleu de travail, au travail.

 

 Et le bleu de travail sera d’une autre couleur, suivant que l’ouvrier sera plombier, peintre...

 

On connaît la chanson, le corps de métier est désigné par la couleur ou peu s’en faut.

 L’habit est fourni par l’employeur.

Le matin pour attendre l’autobus, chacun est déjà «  habillé », c’est déjà surprenant, mais quand on voit sortir d’une maison délabrée une dame bien mise, en tailleur rouge brique avec des escarpins… On n’y croit pas...

 

Les scolaires en uniformes aussi, la panoplie complète, avec chaussettes, chaussures, cravates et ceinture, nœuds dans les cheveux pour les filles, 2 couleurs pas forcément seyantes, ex : marron + bleu marine, 2 tons de bleu, vert et beige…qui ne vont pas forcément avec le teint…

Mais ils sont très mignons quand même, Dieu pourvoit à tout, même à limiter l’école buissonnière qui dans cet équipage ne doit pas être facile.

Les écoles sont privées et les élèves arborent les couleurs de leur école et là aussi hiérarchie liée à la renommée de l’école où on est admis par mérite, dans le secondaire.

 

Tous les jours, les barbadiens inactifs (spécialité insulaire, il n’y a pas de RMI…) sont habillés comme partout les gens pauvres avec ce qu’ils ont, mais le dimanche, c’est pas ça du tout, c’est l’habit de cérémonie !

De cérémonie religieuse s’entend, l’habit de l’office du dimanche matin.

C’est le plus émouvant.

En France aussi on est beau pour aller à la messe et pourtant ça ne se compare pas.

 

Les tissus sont brillants, vaporeux, soyeux, les vêtements sont superbes, totalement obsolètes, impossibles à décrire.

On  pense d’abord que la source d’inspiration c’est Sa Gracieuse Majesté,  la Reine Elisabeth, les gants sont là, les collants, le bibi, le petit sac, tout assorti avec les chaussures à talons et dans les couleurs préférées de la reine …Et le prince Philippe en costume gris 3 pièces, chemise blanche et nœud papillon noir…est là, lui aussi.

 

L’observateur est totalement médusé par le contraste : elles sortent, habillées et fières comme des reines, d’une maison qui n’a rien d’un palais, pour marcher dans l’herbe ou sur la route défoncée qui conduit à l’église...

 

En réalité, elles ne sont pas reines, elles sont toutes princesses, ce sont des Cendrillons, voilà, directement sorties d’un livre  démodé de contes de fée.

Et surtout il n’y a pas de quoi rire à propos des livres, parce que les mangas, c’est pour les blancs :

les touristes blancs, affublés de lunettes de soleil d’insectoïde, habillés bariolés avec des imprimés terribles, déclinant les fleurs d’hibiscus dans les couleurs les plus abominables ; ou, vêtus de chemisettes, sur des fonds incroyables de soleil couchant, avec des rayures bien noires en silhouette de cocotiers…en sortent directement.

 

Et deuxième mise au point, tous ces vêtements effroyables, portés dans l’illusion de faire couleur locale, et bien c’est aussi un uniforme !

 

Les blanches c’est pas mieux, avec leur manie de se faire natter les cheveux style « afro » soi-disant, style affreux oui, plus les cheveux sont longs…

Transformer son CARRé en une collection d’innombrables nattes qui ressemblent à s’y méprendre à d’innombrables queues de rat décorées de 3 perles de verre, c’est la mode à Noël, voilà la belle coiffure, très prisée pour les réveillons – white only  pour les perles! –

 

Le match continue. La revanche sera prise avec la couleur des voitures.

La couleur des voitures est exceptionnelle.

Pas toutes bien sûr, le pays est pauvre, et déjà que Mr Mitsubishi n’est pas un rigolo, au bout de 10 ans le blanc n’est plus étincelant, mais il suffit de pas grand chose et telle un phénix…

Les carrossiers font des merveilles. Ce sont des coloristes hors pairs, spécialité, chatoyant … je n’ai jamais vu ailleurs des nuances de jaune ou violet ou rouge…aussi miroitantes, ils font même des miracles avec le blanc qui étincelle, et vitres fumées «  mafiosi », s’il vous plaît, pas noires surtout pas, violettes !

Et sonorisées « grave » les voitures, impressionnant, on vibre même quand on n’est pas dedans…

Illuminées aussi, certains font même poser des lumières rouges sous la carrosserie de la voiture, qui la nuit, éclairent d’une manière surréaliste son déplacement …

Et comme tout ce qui brille n’est pas d’or, des chromes… Des chromes…  Des chromes…

 

Tous les goûts sont dans la nature.

Tous les mauvais goûts sont dans la culture.

 

L’usage des couleurs est-il raciste ?

 

oui !…… disent les ethnologues spécialisés en anthropologie culturelle. 

 

Ils soutiennent que c’est la couleur de l’épiderme qui est l’élément structurant de l’univers coloré humain, rien de moins.

 A partir de la couleur de la peau, et de l’infinie variété des couleurs de la nature, le génie humain a fait des choix ! (c’est l’art funéraire et l’art pariétal de la préhistoire qui apportent les premiers témoignages ) à partir desquels ce même génie s’est engagé sur la voie des significations et des symboles…

 

Le rouge partout, pour tout le monde

 

 et c’est de cet intérêt porté au rouge, la couleur la plus ancienne utilisée par l’homo colorus :

-couleur des surfaces vitales, le sang et l’ocre,

-couleur des sources lumineuses, le soleil de l’aurore et du couchant, le feu,

(les sources de vie de l’organisme humain et la vie du monde… diront conjointement les psychologues et les philosophes.)

 

qu’a été déduite par les physiologistes une hypothèse particulièrement intéressante : ils supposent que les ancêtres des ancêtres des gaulois possédaient à l’instar des « races » fortement pigmentées actuelles, une densité maculaire extrêmement importante ce qui avait pour conséquence une forte absorption des courtes longueurs d’onde et une sensibilité accrue aux grandes longueurs d’onde : jaune, orange, et rouge avec un choix préférentiel d’ordre physiologique pour cette dernière nuance.

 

Voilà pourquoi le rouge, partout !   (Lascaux, Altamira, etc…)

 

Car aujourd’hui les physiologistes disent que :

«  suivant que vous serez  ou Blanc ou Noir l’impression produite par la lumière sur l’œil sera différente… ! »

Autrement dit, une personne de couleur ne verra pas les mêmes couleurs qu’une personne qui n’est pas de couleur…

 

Ils font une discrimination positive pour le Noir !

 

Ils expliquent  que l’œil Noir est adapté à la lumière très vive tropicale, en structurant différemment de l’œil Blanc les cônes et les bâtonnets sur la macula et que grâce à cet agencement il perçoit avec une sensibilité accrue les grandes longueurs d’onde, donc les tons chauds…(pour les tropiques c’est normal)…tout beau, rouge, orange, jaune…

Il n’y a rien de changé depuis la préhistoire…où tous les yeux des homo decoratus étaient « maculés » kif kif pareil.

 

Et aussitôt les mêmes pour la même raison font  une discrimination négative pour le Noir ?

 

Voilà l’argument :

sous les latitudes tropicales, il y a un passage très rapide du jour à la nuit, les bâtonnets de la rétine localisés à la périphérie, qui prennent au moment du passage à la nuit, l’ascendant sur les cônes (qui permettaient jusqu’alors la vision colorée) ont un rôle de ce fait quasi inexistant…

Il n’y a pas de vision décalée vers les faibles longueurs d’ondes … la vision scotopique… grâce à laquelle si sa tante en avait une, elle pourrait voir le gris et tous les gris… et tous les chats, la nuit…

 

 La pénombre…n’est pas dans le vocabulaire d’homo tropicalus , et si un poète évoque « cette zone crépusculaire où entre chien et loup prennent corps les peurs les plus secrètes… » on est sûr que le poète est Blanc, qu’il est de Dunkerque plutôt que de Tamanrasset, et qu’il a une petite crise d’angoisse…

 

La même petite crise d’angoisse du poète Noir, au même moment, n’évoquera pas les mêmes animaux…et pas seulement…

 

« De deux choses lune, l’autre c’est le soleil. »    J.PREVERT

 

Je cite PREVERT comme poète noir, à dessein… ?   gagné !…VERT, faible longueur d’onde, nuance assimilée jusqu’au violet à la couleur noire dans la culture Noire africaine traditionnelle.

 

Et si l’œil blanc le fait dans les nuances, toutes les nuances, c’est grâce au crépuscule, ce moment où il fait presque noir…c’est cocasse …

 

L’ART  pictural est-il raciste ? 

Sans nuance c’est oui !

 

Le peintre occidental blanc va s’installer dans une palette d’une polychromie débordante, multiplier les nuances, travailler les passages de teintes, et les transitions, c’est sa vision scotopique des choses... en quelque sorte… merci pour la Joconde !

 

Le peintre africain traditionnel noir va s’installer dans une palette d’une polychromie resserrée, fera des séparations très nettes entre les teintes et exclura les fondus, tout en aplat.

 

 

Cette vision différente de l’univers chromatique a aussi une incidence en sculpture comme on peut s’y attendre :

 

L’ART sculptural est raciste .

 

D’un côté les arrondis, l’épanouissement onduleux, le mouvement,

de l’autre, l’anguleux, le resserrement noueux, les plans  traités en rupture, la rigueur des arêtes .

Et même le grand virage du cubisme dans l’art Blanc est la preuve du télescopage de celui-ci avec l’art Noir.

Dixit : Picasso et Brancusi.

 

Rien n’aurait  été pareil pour eux sans leur passion pour « L’ART NEGRE ».

 

CUBISME, initiateurs Picasso et Braque, et c’est l’ innovation révolutionnaire picturale avec les Demoiselles d’Avignon (1907), de l’aplat à l’aplat pour la couleur…et anti- illusionniste en total look  pour le dessin, …c’est Art pour Art, Ton pour Ton… Vaya ! les demoiselles d’Avignon qui habitaient Barcelone et travaillaient dans la rue d’Avignon, quelque part dans le barrio chino…

 

En sculpture, fini les détails de surface, les coulées fluides de la matière qui passe sans rupture d’un plan à un autre, finie la lumière systématiquement sollicitée qui accentue le brouillage des arêtes, noie et dématérialise les contours, simule l’arrondi, le mouvement, fini le genre La Piéta de Michel-Ange, le tombé des drapés exquis à mourir…

 

Voilà l’articulation brute de volumes emboîtés, les formes simplifiées, stylisées impérieuses où tout est donné dans l’immédiateté, c’est Brancusi  son « baiser »  qui éclate d’une sensualité dépouillée, qui pulvérise les vieilles servitudes du réalisme, est « nez en moins » bien appliqué. 

 

 

à la Barbade on atterrit … l’art est plutôt « isanat »,

bijoux : lien noir et coquillages des philippines,

poteries locales normalement rustiques,

tableaux inspirés naïfs dans des tons biens criards avec des doudous bien dodues qui portent des ballots de

coton sur la tête dans un paysage de cocotiers… fabriqués en Chine ou au Vietnam,

sculptures craignos ou, tout ce qu’on peut faire avec une noix de coco débitée en rondelle.

 

il est offert à la convoitise des amateurs dans le hall des hôtels, de préférence lors des rhum punch parties du manager, effectivement c’est une très bonne tactique de vente, à moins de 2g/l d’alcool dans le sang l’acheteur est hésitant …surtout pour les trucs à la noix…

 

Quelques galeries font émerger l’élégance du coup de crayon, la pertinence du sujet, l’impact des couleurs, et des œuvres charmantes comme on peut en trouver ailleurs, partout ailleurs. De petits musées présentent  des peintures du passé colonial, d’un intérêt historico-anecdotique limité, et d’une facture artistique équivalente.

 

Les œuvres picturales les plus authentiques de l’esprit local sont les fresques. On en voit sur certains édifices publics ou privés, elles sont naïves en diable, toujours joyeuses, grouillantes de personnages en mouvement vêtus de couleurs unies et vives et représentent des scènes de la vie courante.

 

Une sculpture authentiquement barbadienne ( puisque le plasticien est un natif, tailleur en chambre avant d’être tailleur de pierre,) érigée en commémoration du 150ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage, est une représentation réaliste grandeur nature : l’esclave en bronze a rompu ses chaînes au prix d’un effort musculaire considérable, et bras levés, chaînes rompues et pendantes, il crie sa victoire douloureuse au beau milieu d’un rond-point  sur LA deux fois une voie qui traverse l’île, hypnotisé par le défilé des nouveaux esclaves, ceux de la conduite à gauche.

 

Voilà  la couleur de l’ART, bronze et argent légèrement.

 

La richesse c’est l’or ! L’or est doré, ambré, parfumé, alcoolisé, c’est l’ultime couleur à évoquer, celle du RHUM,

 magnifique à regarder et très mauvais pour la santé, et alors là, lexicalement barbadien le rhum, vient de l’anglais

 rum, abréviation de RUMBULLION, mot dialectal de l’île de Barbade signifiant «  grand tumulte » et désignant une liqueur forte de fabrication locale…

Ring-a-ding-ding. Ring-a-ding-ding.

Rum from Barbados is very sweet thing.

Et sweet, c’est tout à fait ça pour la couleur.

 

 

 Françoise Lebraud-Le Glas

 

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