20.10.2004
Des
moutons, des pierres et moi…. (mai 2004)
Variations
sur l’aride, un peu, beaucoup, passionnément, par moment.
Irlande en
mai, douce ambiance romantico-gaélique générée par un mélange intime de
pierres, de tapis d’herbe rase, d’étendues d’eau, de fleurs et de moutons,
grands espaces sans arbres, saupoudrés de maisons toutes plus pimpantes les
unes que les autres – facile d’arborer de jolies couleurs, les maisons sont
toutes NEUVES.
Un seul
fournisseur, très peu de modèles, et on joue sur la couleur des ouvertures pour
retrouver la sienne.
Cela fera,
légères variations sur un thème…
Le parti
pris du voyage sera de suivre la côte dans l’approche fractale qui lui convient
à cause de son faciès « grêlé, criblé, disloqué, tordu, enchevêtré,
entrelacé. »
http://www.cvconseils.com/fractales.html
Au plus
près du rivage, avec 2 objectifs :
-
Immersion dans les grands panoramas atlantiques avec
observation privilégiée de la faune et l’avifaune,
-
constats d’architecture et recherche d’ambiance des villes
balnéaires.
Cela sera,
DUBLIN – WESTPORT – DUBLIN, un bon demi-tour, dans le sens des aiguilles
d’une montre.
Et le bon
sens en logeant dans les B&B et en
dînant dans les pubs.
La faune
c’est surtout les moutons il ne faut pas cacher la vérité, et au fil du temps
on arrive à affiner son observation de l’animal et on s’aperçoit de petites différences
quant à la longueur et la qualité de la laine, la forme des cornes et la
couleur de la robe, blanche avec plus ou moins de noir, certains n’ont en noir
que la tête et les pattes ce sont les moutons black faces…
Les
moutons suffolk
Les
moutons black face
All black
Les
moutons jacob
Nous
verrons aussi des phoques prendre le soleil…eh oui…je répète le soleil, deux
loutres descendre un torrent, un renard roux en pêche dans les rochers, des lièvres en toilette, un blaireau
écrasé... veaux, vaches, oui ! Cochons, couvées… non !
Que
font-ils de leurs poules, pour quelle raison les cachent-ils ? Et les
cochons ?
Il n’y a
pas de mystère…comment dit-on élevage en batterie en irlandais ? et ensemble
dans la batterie pour déjà réunir « bacon and eggs… »
L’avifaune ?
En Irlande c’est le bon endroit pour ceux qui aiment ça. Les zones humides
nombreuses accueillent de nombreux limicoles, et c’est proportionnel.
On y voit des échassiers en nombre, ainsi que des cygnes, oies et canards, bien que mai ne soit pas la meilleure saison pour les observer.
Les oiseaux marins nichent en colonies importantes sur les falaises des îles proches des côtes, des fous de bassan j’en ai vu 20 000, des plongeons imbrins so chics, pour la première fois, des pingouins tordas, des guillemots à miroir et des macareux moines facilement. Ceux-ci près des îles Skelligs et Blasket.
Facilement.. ? Il faut les mériter quand même, ce sont des pêcheurs qui nous y emmèneront, pédale to the métal dans les ringues, leur seule préoccupation sera que nous ne passions pas par-dessus bord tandis que les paquets de mer traverseront le pont. Donc de temps en temps ils sortiront de leur cabine pour vérifier si nous sommes toujours 4 ornithologues agrippés au bastingage et 3 enfants en pleurs, parce que mouillés ce n’était pas le souci.
Et les
B&B c’est intéressant. Déjà c’est sympa d’aller voir comment c’est chez les
autres, et là pour 60€, en plus de passer une bonne nuit « en suite »
c’est à dire dans une chambre cosy…avec salle de bains privée, on est accueilli
dès l’arrivée, au salon, avec feu de cheminée.
Il suffit
de demander… pour savoir de quel bois ils se chauffent…
Accueilli,
avec un thé de bienvenue et un cake hand made, par la maîtresse de maison, dans
une langue compréhensible facilement et de la plus aimable manière… et en plus
on n’a pas l’impression qu’ils se forcent, on a l’impression qu’ils cultivent
naturellement le plaisir de l’accueil, de la conversation à 60€…
Et c'est
dans la salle à manger apprêtée avec un décorum très gratifiant pour notre ego…
que nous respirerons tous les matins, les effluves rissolées, des œufs, du
bacon, des tranches de boudins blancs et noirs, du champignon et de la demi-tomate,
le tout accompagné de toasts. C’est le breakfast irlandais, ça a l’air un peu
lourd comme ça et d’ailleurs ça l’est…avec thé, céréales, yaourts et fruits
frais.
Le thé
élaboré à partir de sachet (sans fil) coulera d’une théière assortie au service
de table.
Faïence ou
porcelaine, faïence plutôt à la campagne, serviette de table assortie à la
nappe, également raffinée.
Remarque
sur les infusettes :
les
infusettes de thé utilisées en Angleterre et dans tous les pays qui ont subi
les influences de cette perfide, sont sans fil !
Impossible
de faire admettre à un anglais, qu’une infusette munie d’un fil est beaucoup
plus commode à extraire de la théière : on saisit le fil que l'on a fait
dépasser lors de la préparation et hop, out le sachet…ou alors que, pas du
tout, le fil ne donne aucun goût particulier à l’english tea! Il faut s’enlever
ça de la tête.
Cette
exigence wireless… est d’ailleurs un gros souci pour les conditionneurs de thé
parce que pour le reste du monde, les infusettes ça le fait avec un fil
accroché à un carton fin que l’on saisit entre le pouce et l’index…
Il y a un
autre souci irlandais, c'est l'obtention d'eau tiède dans les salles de bains …
impossible de trouver un lavabo avec robinets mélangeurs. C'est un système
archaïque à 2 robinets obligatoires, c'est eau froide pour l'un et eau
bouillante pour l'autre… Qui leur dira que depuis la reine Victoria, il y a de
l'eau tiède qui a coulé sous les ponts.
Autrement
elles sont raffinées avec toujours un détail qui tue…la chasse d'eau
improbable, les dentelles de la boite de kleenex et les fleurs artificielles
près de la cuvette des WC…
Ce qui est
agréable c'est que chaque fois c'est la surprise.
On ne sait
pas ce qui nous attend dans le prochain intérieur comme fanfreluche et belle
dentelle et on n'est jamais déçu…
L'arrivée
s'accomplit toujours par une allée courbe, à travers un jardin soigné, fleuri,
conçu selon les règles.
Les salons
ont tous une vue sur jardin, théâtralisée avec des tentures disposées comme
pour mettre en valeur une scène…mais oui mais c'est bien sûr une scène
bucolique.
Les
chambres sont également pleines de recherche et de fantaisie surtout au niveau
des interrupteurs des lampes de chevet… c'est toujours la même technique pour
éteindre et allumer : mettre sa main avec délicatesse sous l'abat-jour au cœur
de la lampe, juste sur la douille. C'est à ce niveau qu'il existe un ergot sur
lequel on doit exercer une force, de façon à ce qu'il entre dans un logement
pendant que, un autre ergot diamétralement opposé, sort du sien… et cette
manœuvre s'accomplit sans renverser la lampe, c'est à dire en faisant
contrepoids à la force exercée du côté
de cet ergot qui résiste toujours un peu avant d'entrer dans son logement…
Génial non
? Comment un électricien, un simple homme a-t-il pu inventer un système aussi
enfantin?
C'est ce
principe qui sévit aux Etats-Unis, à Barbados, and so on…pour éteindre ou
allumer toutes les lampes posées…
Dublin –
Wexford
On ne se
lasse pas des villes balnéaires elles sont toutes inspirées de Brighton avec
une promenade de front de mer bordée de maisons aux teintes pastel et les plus
hype auront une architecture géorgienne.
Et les
autres néo-géorgeo-récentes laisseront pantois ! Chaque fois que l’on voit
les terraces on a le souffle coupé par ces longues rangées de maisons
toutes semblables
qui forment parfois une place autour d’un
espace vert…et donnent le vertige…
Wexford –
Skiberdeen
La réserve
naturelle de Wexford Slobs accueille une population d’oies hors du commun, 10
000 oies rieuses du Groenland viennent s’y nourrir l’hiver de céréales et de
pommes de terre non récoltées, de graines diverses et d’herbes variées. Oies
rieuses pas seulement, oies à tête barrée, oies des neiges, oies cendrées,
bernaches cravants et nonnettes viennent y pâturer aussi, quelques individus
n’entreprennent pas le voyage d’été ce qui fait que nous avons vu tous les
spécimens.
Et
slob ? Cela veut dire marécage.
Cet
endroit est très apprécié par les lièvres, que nous verrons nombreux et dans
toutes les positions…mais de loin…
Skiberdeen
– Kenmare et promenades autour de Kenmare - LE KERRY.
Maintenant
on commence à percevoir une atmosphère particulière… à travers les paysages,
l’omniprésence de l’eau et des pierres, la qualité de la lumière, la
quasi-absence d’êtres humains.
C’est le
parcours enchanteur truffé de ports d’opérette proprets, de villages assoupis,
Sneem :
650 ha, le général de Gaulle y est passé en juin 1969, nous en mai 2004, le
même charme…
Ou
parcours enchanteur truffé de petits estuaires, de douces collines. La végétation est surprenante. On ne
s’attend pas à trouver gunnera manica ou rhubarbe du Brésil à foison. Cette
plante herbacée exubérante réussit très bien dans le Kerry surtout lorsque l’on
connaît ce détail : l’été le soleil peut occasionner des brûlures
disgracieuses au feuillage…
Et des
petits bois splendides avec des essences mélangées et démodées du meilleur
goût, hêtre pourpre et marronniers …
Nous
croisons très peu de voitures et le bon usage des coutumes exige la salutation
des conducteurs. A ce moment là, sans quitter les mains de son volant, le
conducteur soulève l’index et le majeur de la main droite et l’hommage est
rendu.
Les routes
comme les maisons sont magnifiquement refaites, en pas large du tout, le trafic
est très cool et à la fin de la journée sans s’apercevoir de rien on a une
jolie petite collection de miles à gauche et au compteur.
Un grand
moment nous avons vu le rocher du Fastnet si mythique et légèrement dans le
brouillard comme il faut qu’il soit quand il fait très beau.
Mythique
car tous les 2 ans des coureurs en voiliers disputent la Fastnet race, la
prochaine édition aura lieu en 2005… L'édition de 1979 est restée dans toutes
les mémoires à cause de la furieuse tempête qui a sévi à ce moment la, a causé
des naufrages et la mort de 15 concurrents.
Marin ou
pas, cela ne s'oublie pas.
Dans les
fjords on pratique la conchyliculture sous la forme suspendue… de sorte que les
petits crabes commensaux ceux qui croquent sous la dent lorsqu’on déguste les
moules de bouchots, n’ont aucun moyen d’atteindre ces moules-là si bien
éloignées du fond. Les moules de bouchots élevées sur piquets, enfoncés dans
les fonds vaseux donnent, elles, toute liberté aux autres crabes d’aller et
venir tranquillement d’une moule à l’autre jusqu’à la casserole, sa sauce
marinière et la dent des dégustateurs…
C’est
pinnothère pisum le facétieux et quand
on le crache n’appréciant guère son croquant, à ce moment là on voit sa
carapace arrondie jaune d’or tâchée d’orange.
pinnothère
pisum sont interdits de moule en Irlande.
Le top a
été le seafari :
embarquement
sur un bateau genre petit bateau mouche, avec un capitaine plein d’entrain, ses
2 fils musiciens et un chien.
Nous
sommes allés patrouiller dans un estuaire surprendre des bestioles
-
au plus près pour voir un renard en pêche, et une petite
colonie de phoques vautrés au soleil. Longue observation des phoques jusqu’à ce
que le chien du capitaine aboie. A ce moment là, inquiétude dans la colonie
perceptible par quelques mouvements chez certains, comme tournez la tête par
exemple, le chien ayant remis ça à plusieurs reprises le chef phoque a suggéré
un : « courage, fuyons ! » et les plus courageux se sont
mis à l’eau…
-
au cours de cette promenade, nous nous sommes approchés de
hérons et d’aigrettes à l’affût près à leur compter les plumes.
Le retour
a été agréable aussi, le capitaine a chanté des airs irlandais repris en chœur
par les voyageurs, tous de la même famille, qui honoraient une communiante.
L’équipage nous a servi un thé brûlant avec des cookies maison et attention le
thé pouvait être parfumé au rhum, la bouteille circulait en toute
discrétion... Avant la vaisselle les
mousses ont l’un après l’autre joué de leur instrument favori, l’un de
l’accordéon, l’autre de la flûte traversière, pour un trip à 20€ par
personne…c’était complètement réussi puisque le chien en premier avait donné de
la voix, dans une ambiance super sympa comme rarement.
http://www.planete.org/fiches/phoque_veau_marin.htm
http://suivi-animal.u-strasbg.fr/phoque1.htm#presentation
Kenmare – Castelgregory - DINGLE.
Cela
commence à être le super plan pour les ornithologues : la presqu’île de
Dingle et là on enlève le " l " à la place on met un " u
" et c’est exactement ça pour les oiseaux de mer.
Il existe
de très nombreux îlots rocheux et ceux qui ont les falaises étagées, sont colonisés
grave.
Nous nous
sommes approchés des îles Skelligs pour une observation de la plus grande colonie de fous de bassan
d’Europe, 20 000 oiseaux rassemblés.
C'est un
spectacle total.
La
vue : c’est magnifique ! ça grouille, ça se déplace de partout, la
fourmilière…
L'ouie :
c’est impressionnant ! Une rumeur est perceptible de très loin, et quand on
approche c’est un chœur assourdissant au rythme monotone, recto tono…
L’odeur :
ah l’odeur! Oh my god!
C’est un
régal, ils plongent … il faut avoir vu plonger des fous et si on les a baptisés comme ça, c’est pour
ça, ils entrent dans l’eau comme des
fusées, le jeu c’est d’aller le plus profond possible et ensuite de se servir
de ses ailes pour patrouiller dans les profondeurs et 20 m n’est pas extraordinaire.
Et il n’y
a pas que des fous, un festival de macareux-moine, puffins, guillemots à miroir
surtout, avec leurs pattes rouges trop mignons, pingouins tordas pas mal non
plus et observés essentiellement aux jumelles à cause de l’instabilité du
bateau, mais pas grave.
Et le
retour voir plus haut.
L’île est
interdite d’accostage pour ne pas effrayer les oiseaux, et là c’est désespoir
pour les mystiques, plus possible de venir se recueillir dans les ruines du
monastère qui existait sur les 200 m2 de falaise abrupte, après
avoir monté les 600 marches taillées dans les parois rocheuses…
Un monastère de six cellules, une église, deux oratoires, quelques tombes, dans une architecture en pierre effectuée sans mortier tellement intégrée qu’on la distingue à peine des falaises…
Ni le vent
ni les vagues ne sont venus à bout de la plus occidentale des forteresses du
Christ de l’ancien monde, pas même les Vikings au IXème siècle,
c’est dire !
Bon, les
religieux ont déserté le monastère au XIIème siècle et depuis cette
époque restent en fait de moines… les macareux ! rigolo non ?
Et le
Staigue Fort, un choc, enceinte circulaire de 2 m d'épaisseur et 5 m de hauteur
et tout en pierres superposées sans mortier, escaliers, deux chambres et tout
le confort de l’époque d’il y a 2000 ans quoi…
Castelgregory
– Ennis.
Re-plan
pour les ornithologues et là surtout des limicoles, les courlis au long bec
emmanché d’un court cou dans un total look mimétique, les huîtriers pies
éclatants puisque tous les goûts sont dans la nature et les bécasseaux
facétieux pour ne pas les qualifier autrement car reconnaître une espèce de
l’autre (variable, minute, sanderling…) lors de l’envol du groupe est un vrai
travail de professionnel… Et les premiers plongeons imbrins copinant avec les
cygnes tuberculés, (cygnus olor – le plus courant) celui-là même qui vit à
l’état semi-domestiqué sur les lacs, étangs et jardins publics, et il faut dire
que quel que soit la classe du plongeon imbrin, la grâce du cygne n’a rien à
lui envier. Il y a son long cou tenu en
« S », son plumage blanc immaculé, sa queue en pointe, ses ailes en
berceau et son glissement impertinent qui le rendent souverain aussi.
Il est dit
" muet " parce qu'il n'émet que glapissement et grognement. Les
mélopées du chant du cygne ne sont que des élucubrations de poètes.
Là un spot
donc pour les véliplanchistes ornithologues, non c’est une blague… c’est
seulement un spot pour les hommes, les vrais, ceux qui ont du bon sang chaud
dans les veines et qui adorent la compagnie des phoques… quand ils naviguent
dans leur bonne grosse combinaison en néoprène couleur pastel… non c’est une
blague.
Ennis à
Westport - CONNEMARA
C’est
exactement l’endroit où l’appellation Pierres et Vacances pour le trip c’est
vraiment ça…
Pierres
disposées par dame nature, en vrac et sans économie, ou rassemblées par les
mains des hommes en lacis de muret.
Pour les
moutons ce n’est pas carcéral, l’espace est clos oui mais ils voient le ciel
dans les interstices et comme ça ils gardent le moral…
Et pour
ces murets montés des mains de l’homme, total respect.
Ils
existent depuis vers 1850, la grande famine, le moment où le mildiou ravagea
les pommes de terre. A ce moment là le gouvernement anglais organisa des
travaux d’utilité publique pour permettre aux ouvriers agricoles au chômage et
aux paysans ruinés de ne pas mourir tout de suite. Et voilà comment sont nés
ces paysages si romantiques de l’Ouest, champs dégagés des pierres organisées
en murets…
Et pierre
tu es pierre et avec toi pierre en plus de la construction je jetterai des
malédictions…et aujourd'hui encore, la preuve de la superstition…
Si
quelqu'un tourne une de ces pierres, il peut jeter un sort à quiconque lui a
causé un tort, mais si le grief n'est pas justifié, le sort se retournera
contre lui…
Ce qui est
cocasse c'est que ces pierres sont sur la pierre de l'autel d'une église en
ruine qui existe au milieu des pierres tombales…
Sur
quelques-unes de ces pierres tombales nous avons vu des sorcières allongées
déguisées en moutons.
En
botanique c’est gratifiant, les plantes ne sont pas très variées, faciles à
déterminer et intéressantes de toutes façons :
-
pour l’alcool, juniperus et gentiane bleue,
-
pour le fun, les orchidées,
-
pour les pipes, la bruyère…( les pipes de Kapp et Peterson
sont portées au pinacle depuis plus de cent ans dont la célébrissime courbe
« Sherlock Holmes… »
-
Pour le risque, les plantes carnivores comme drosera et
utricaire mineure ( le danger ?
c’est une blague quand on n’est pas une mouche… )
-
Pour faire comme-si, version végétale, les linaigrettes font la concurrence aux
moutons avec leur toupet blanc.
Et, même
mortes depuis des années, (la décomposition des plantes étant très limitée dans
ces terrains imprégnés d’eau et à l’abri de l’air), les plantes servent de
substrat aux plantes nouvelles et de mère en fille, s’accumulent, se
stratifient et produisent à la longue, un truc spécial qui récolté, découpé,
séché s’appelle la tourbe.
La tourbe
était utilisée aussi comme matériau de construction, actuellement elle est
seulement utilisée comme combustible. Dans les cheminées des salons des B&B
nous l’avons vu brûler mélangée au coke et au bois…
Les
bois ? Il y a très longtemps que
toutes les forêts d’Irlande sont parties en fumées.
Les
tourbières, 1/7 de l’île, de paysage sauvage et quand on fait attention à ne
pas mettre son pied dans l’eau dans le meilleur des cas il n’est pas
immédiatement dans l’eau parce qu’on a visé un coussin bien rond de mousse du
genre sphaigne, seulement sous le poids l’autre s’aplatit et le pied atteint
l’eau quand même… dans les tourbières, pas sans les bottes et à ce moment là on
jouit complètement de la sensation surprenante liée à la marche sur un matelas
d’eau...
Les
machines de la compagnie Bord na Mona extraient de la tourbe sur de grandes
surfaces. La tourbe réduite en poudre sert de combustible aux 7 centrales
thermiques. Façonnée en briquette avec les 2 lettres B et N en relief elle est
vendue dans les supermarchés.
L’absence
de forêt c’est ce qui explique ces paysages ouverts, cet espace presque infini
que l’on a toujours sous les yeux, l’érosion partout et cet affleurement
rocheux caractéristique et les affleurements d’eau, que d’eau, que d’eau…
Westport à
Skerries au Nord de
Dublin.
De là on
peut voir l'île de Clare le fief de la reine pirate Grâce O'Malley où elle est
enterrée aussi ( dans un couvent en plus, celui des Carmélites qui appartenait
à sa famille.)
Grâce
O'Malley a tenu la dragée haute à l'autre reine, Elisabeth Iière, reine
d'Angleterre. Quand celle-ci lui a proposé de devenir sa vassale, Grâce fit le
voyage et parut à la cour d'Angleterre pour s'écrier :
"N'est-il
pas présomptueux de la part de Votre Majesté de vouloir me conférer cet honneur
?
Je suis
reine de plein droit – reine de l'Ouest –"
Voilà
comment était sa majesté la reine de l'Ouest qui avait une nette idée de sa
valeur et qui ne craignait personne, et savait surtout se faire obéir des
hommes…
On
commence à s’extasier devant les fuchsias géants, les rhododendrons à profusion
c’est le début de l’éclosion d'une part et les haies deviendront rouges ou
violettes, cela change un peu du jaune genet d’Europe qui nous suit depuis le
début du voyage. D'autre part, les botanistes accusent le micro climat de
booster les plantes.
C’est la
route de la traversée…qui suit d’abord une rivière torrentueuse et surprise
totale à la vue de 2 loutres en canyoning .
On dit que
l’Irlande est le pays d’Europe où les loutres sont les plus nombreuses mais
sapristi! Nous avons eu beaucoup de chance d’en voir 2 exercer leur talent sous
notre nez pendant notre pique-nique.
La route
offre de splendides perspectives au milieu des lacs dans un paysage grandiose
et désolé, d'un aspect solennel et d'une couleur lugubre – gris schisteux des
roches et gris métallique des lacs – empreint d'une sauvage et terrible poésie
disent les amateurs.
Et en
cours de route, l'abbaye de Kylemore, château victorien de style néo-gothique
construit par un riche marchand de Liverpool.
Des
bénédictines s'y sont établies et ont installé un pensionnat de jeunes filles.
Reste à savoir si la vie de pensionnaire est moins triste en néo-gothique…
Skerries à
Dublin.
Ces villes
balnéaires désuètes sont trop… on ne se lasse pas… et des grives musiciennes
non plus.
Et Dublin
C'est la
fin du voyage et le fin du fin… les gens de Dublin qui sont de drôles
d'oiseaux.
Françoise Lebraud - Le Glas
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